Elle est la première danseuse orientale que le monde arabe a vu en couleur à l’écran, dans “Papa se marie”, premier film égyptien en technicolor réalisé en 1950 par Hussein Fawzi, qui deviendra par la suite son mari. Au contraire de ses célèbres collègues, Samia Gamal et Tahia Carioca, Naïma Akef ne vient pas des cabarets du Caire. Son apprentissage de la danse s’est fait en même temps que celui de l’acrobatie, dans le cirque Akef, tenu par sa famille. Fille de saltimbanques, avec une petite expérience dans la comédie-théâtrale, Naïma Akef bouscule les habitudes de ses aînées, dès son apparition à l’écran en 1949 dans “Le pain et le sel” de Hussein Fawzi. Ce film, projeté le 17 janvier 1949, a eu un grand succès et a aussitôt fait de Naïma Akef, une héroïne. Elle sera présente pendant dix ans dans tous les films de Hussein Fawzi ; ils se marient en 1952 et divorcent en 1958.
Consciente de ses atouts acrobatiques, elle place d’emblée la danse orientale sous le signe de la performance physique. Il ne lui suffisait plus d’être aimée pour la beauté de son corps et de la création d’une chorégraphie aux multiples formes, elle rendait en permanence hommage à son public, en lui offrant l’inattendu d’un geste qui force l’admiration. Cette volonté d’être toujours spectaculaire, à l’image d’un footballeur dribbleur, a permis à Naïma Akef de défendre une conception constamment instinctive de la danse orientale. Elle fera école. Dans les années soixante, elle a eu des émules, dont Zoheir Zaki, celle qui a inventé le geste limite dans la danse arabe. Jusqu’au bout la vie de Naïma Akef a été faite de panache ; elle sera la seule danseuse orientale morte à l’âge de la retraite, à 37 ans, en 1966 emportée par une longue maladie.
© Nidam Abdi, journaliste à Libération