Kaouther Ben Amor dans « Tunis by Night » de Elyes Baccar
Je veux être loin des scènes de débauches
Aujourd’hui, artiste de renom sur la scène internationale, Kaouther Ben Amor se fait encore plus connaître par la dimension théâtrale qu’elle donne à son interpretation et ses créations chorégraphiques de danse orientale. Connue tout d’abord en France, puis très vite à l’étranger sur des scènes prestigieuses et des festivals internationaux de danse orientale tels New York, Dallas, Genève, Bruxelles, le Caire, Torkyo, Nagoya, Amsterdam, Berlin, Londres, Turin, Tunis, Hurghada, Barcelone, Rimini, … En l’observant dans l’un de ses spectacles, le réalisateur Rachid Bouchareb ne s’y est pas trompé. Il a très vite remarqué son talent et sa prestance. C’est ainsi que l’artiste a dansé et créé un ballet oriental pour le besoin du film « Hors la loi » avec Djamel Debbouze (Cannes 2010). La voici aujourd’hui dans un autre film purement tunisien « Tunis by night » dernier cru d’Elyes Baccar. Nous avons rencontré l’artiste à Tunis, en plein tournage.
A part la danse, le 7ème art vous inspire aussi ?
Je m’inspire de tout ce qui me passionne. Je suis cinéphile depuis l’adolescence, le cinéma classique hollywoodien et ses actrices glamour incarnaient une féminité magnifiée pour moi. La richesse d’expression de l’Actor’s Studio me passionne. Ayant travaillé au Louvre, l’ai pu découvrir des peintures majeures, des sculptures gréco-romaines impressionnantes qui m’ont bouleversée.
Pour la seconde fois, on fait appel à vous pour un nouveau rôle dans le cinéma. Comment cette nouvelle aventure a-t-elle commencé ?
Elyes Baccar qui assistait à un spectacle à Amsterdam, m’a contactée par la suite. Ma chorégraphie l’avait interpelé. Il s’agissait d’un tableau des années 1950 suivi d’un tableau d’Oum Kalthoum.
Pouvez-vous nous résumer l’histoire du film en deux mots ?
Deux mots pas plus ! (Rires). Il s’agit d’une histoire véridique. Celle de Youssef qui, après plus de deux décades au service de la radio nationale tunisienne, s’apprête à prendre sa retraite au moment où quelque part, un jeune s’immole à Sidi Bouzaid.
Une annonce anodine qui ne change absolument rien au rituel de Youssef, qui accueille cette journée exceptionnelle avec toute la platitude qui caractérise sa vie monotone entre le bar « Saint Georges » et la radio. Pendant cette journée, Amal, sa femme, se réfugie dans la prière et s’en sort comme elle peut de l’opération d’ablation du sein. Elle se prépare à accueillir une cinquantaine de femmes invitées chez elle pour sa soirée du club de chant…
Le scénario vous a plu ? L’avez-vous accepté tout de suite ?
Après avoir lui le scénario, j’avais mes conditions.
Lesquelles ?
L’une de mes conditions par exemple étaut que je devais danser sur scène et pas de scènes de débauche de cabaret usuelles et surtout les clichés utilisés pour la danse orientale. Elyes Baccar a dû changer son scénario en développant mon rôle.
Quel était l’objectif du réalisateur ?
Elyes Baccar avait envie d’un véritable tableau rappelant l’époque de gloire des danseuses au cinéma tel que Samia Gamal. C’est à partir de cette précision que je me suis sentie totalement comprise et en confiance.
A part votre participation chorégraphique dans le film, avez-vous un autre rôle particulier à jouer ?
Oui tout à fait. Je joue le rôle de Koko, la nièce de Youssef incarné par Raouf Ben Amor. Celui-ci m’a toujours soutenue dans mon choix de devenir artiste contrairement à mon père. Je lui en suis très reconnaissante. J’ai pu devenir grâce à ses encouragements, une artiste accomplie… Jusqu’au jour où celui-ci va devoir avoir besoin de moi…
Et alors ?
(Rires) Je m’arrête là, je vous laisse découvrir la suite dans le film… Je ne sais pas si j’en ai trop parlé d’ailleurs !
Parmi vos différents spectacles, vous avez dansé en Egypte, le pays de la danse orientale par excellence. Comment vous-êtes vous senti ?
Danser sur la terre « Oum El Dounia » qui est celle des artistes comme Oum Kalthoum, Mohamed Adbelwahad pour ne citer qu’eux, a fait vibrer mon coeur.
La première fois, mes jambes tremblaient et la deuxième fois encore plus ! En toute sincérité, il n’y a rien de plus magique que de danser en live avec des musiciens, un orchestre dont le métier est d’accompagner la danseuse orientale.
Il vous donnent le sentiment d’être le chef d’orchestre qu’ils suivent avec toute leur attention. Un public connaisseur, vous permet d’essayer de vous dépasser et de partager ensemble une passion commune.
Quel est le regard de la nouvelle génération sur la danse orientale ?
Aujourd’hui, les nouvelles générations de « beurs » en France essaient de se réconcilier avec leur identité orientale et d’en finir avec leurs complexes. La danse oriental est à mon sens une véritable fenêtre sur les beautés de la culture orientale. Elle nous permet de nous exprimer, de découvrir et véhiculer les textes de grands poètes, les compositeurs, les musiciens, les danseuses, les plus belles voix de l’Orient…
Film TUNIS BY NIGHT du réalisateur Elyes BACCAR (2016)
La Danse Orientale au Cinéma. – Article par Nadia Ayadi