Enfant déjà, Kaouther Ben Amor, Française d’origine tunisienne, dévorait les films arabes des années 50-60, sa « seule fenêtre culturelle vers l’Orient lorsque les vacances familiales en Tunisie étaient finies ». Dans « Hors-la-loi », le film de Rachid Bouchareb (sortie le 22 septembre), c’est aujourd’hui elle la plus belle fenêtre sur l’Orient.
Comment êtes-vous devenue danseuse ?
Un jour, mon père m’a rapporté une VHS, Tamr Henna : j’ai été complètement hypnotisée par les tableaux de danse de la superbe Naime Akef. J’ai ensuite pris mon premier cours de danse orientale à Londres lors de mes études universitaires. A mon retour à Paris, ma grande soeur m’a offert mes premiers cours au Centre des arts chorégraphiques de la Cité Véron auprès de Gemma. Puis, j’ai rejoint les classes du célèbre danseur et professeur Mayodi. Après quelques mois et un travail acharné, j’ai rejoint son ballet oriental, fait mes premiers pas de danseuse sur scène en France et à l’étranger. J’ai ensuite entrepris d’aller à la rencontre des grands maîtres de danse et chorégraphes internationaux tels que Yousry Sharif à New York et Raqia Hassan en Egypte.
Comment en êtes-vous arrivée à être chorégraphe et danseuse pour Rachid Bouchareb ?
Justine Léocadie (la directrice du casting, ndlr) m’a castée pour les besoins du tableau de danse orientale, car elle recherchait un effet glamour des années 50 et elle avait trouvé sur internet une de mes photos correspondant à ce qu’elle souhaitait. Rachid Bouchareb m’a fait part de son envie d’avoir un réel tableau de danse orientale pour la scène du cabaret avec Jamel Debouze et Roschdy Zem. Je lui ai alors envoyé un extrait d’archives vidéo de ces anciens films des années 50 ainsi que des extraits de vieux morceaux musicaux. Il a adoré et m’a donné carte blanche.
Comment vous êtes-vous entendue avec lui ? Et avec les acteurs ?
Rachid Bouchareb a été adorable et m’a tout de suite mise à l’aise sur le plateau. Nous tournions la scène au cabaret La Nouvelle Eve. Il m’a laissé le temps de préparer l’espace scénique et les repères pour les danseuses. Jamel a été très amusant et généreux de son temps pour nous encourager sur les moments de fatigue quand nous travaillions de 8h à 20h… et l’énergie quand on danse doit être toujours la même à chaque prise. Quant à Roschdy Zem, il dégage un charisme incroyable.
Avez-vous une anecdote à propos du tournage ?
Hum… lorsque Jamel m’a baptisée « Papillon » ! Tous les figurants du public éclataient de rire à chaque Action… Papillon ! ». En coulisses, il m’a confié être ravi du spectacle qui lui évoquait la légèreté et la grâce d’un papillon. C’est une belle image.
Quels sont vos projets ?
Continuer mon travail de création et d’interprétation pour la scène, afin de monter mon propre spectacle. Cela prend du temps car il est difficile de trouver les financements pour produire un spectacle de danse orientale. Les musiciens se font rares et les directeurs de théâtre sont encore frileux concernant leur programmation. Il faut alors tout produire soi-même. Avis aux metteurs en scène intéressés !
Kaouther Ben Amor enseigne à la cité Véron de Paris. Retrouvez ses cours et stages sur www.kaoutherdanse.com